Tresors de berthe

Entre ce que nous voulons dire et ce que nous disons vraiment, il y a toujours un écart. Le sujet est d’abord mal entendu parce qu’il est condamné à mal dire. 

Plus qu’une illustration, le malentendu amoureux est la forme principale que revêt dans les relations humaines le malentendu fondamental.

Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas dire quelque chose qu’on ne peut pas essayer toujours et encore de le dire quand même.

Si le malentendu ne peut être levé, pourquoi ne pas résolument le soulever ?

Sommes-nous condamnés à ne jamais nous comprendre ? Toujours ce profond malentendu entre un homme et une femme, entre une culture et une autre. Toute une part d'incompris et d'intraduisible et d'approximations. Faut-il pour autant se résigner, faut-il faire semblant ? Non, il faut faire avec car le malentendu est inévitable pour exister. 

Le langage étant par excellence le lieu du malentendu, il est vain de s'obstiner à comprendre ou à être compris. Ce qui est en jeu, ce n'est pas la vérité mais la connivence, la courtoisie plutôt que la clarté.

Le malentendu « bien entendu », version souple et détournée de l'affrontement, offre un espace possible d'explication et une occasion de traduction où l'incommunicabilité doit transiger.

Le malentendu est une divergence d'interprétation sur la signification de propos ou d'actes entraînant un désaccord. Il faudrait dissiper un malentendu qui sépare deux personnes. Mais enfin, pourquoi ne pas s’en expliquer ?

Entre amis, en couple, en famille, au travail, pourquoi est-il si difficile de se faire entendre et d’écouter l’autre ? Tout simplement parce que le malentendu est au coeur même de la communication : nos projections, nos attentes, nos émotions influencent nos discussions.

Pour échanger, il nous faudrait pouvoir transmettre à l’autre ce que nous vivons émotionnellement et physiquement quand nous nous adressons à lui afin qu’il puisse à son tour ressentir à l’identique cette sensation que nous éprouvons.  Or, même en étant très empathique, c’est mission impossible.

Écouter et entendre semblent être des actions élémentaires : il suffit de prendre le temps, de se rendre disponible, de respecter l’autre, d’essayer de voir les choses de son point de vue. 

Entre la peur du silence et la menace du malentendu, comment s’en sortir ? Grâce à une meilleure connaissance de soi. 

Finalement, peu importe le contenu des messages. Nous parlons parce que nous sommes humains avec nos qualités et nos défauts de compréhension. Car, quand « un ange passe », que le silence s’installe, nos regards gênés ne savent plus où se poser et chacun se sent vulnérable.  Sans voix.

Le langage est source de malentendus. Antoine de Saint Exupéry